Parfois, tu répètes “Je suis assez” et, au lieu de te sentir portée, tu te sens encore plus lourde. Si c’est ton cas, tu n’es pas “négative” ni “cassée” — tu es humaine. Et il existe une autre voie, plus douce et plus efficace, pour que tes mots te soignent au lieu de te heurter.
Dans cet article, on va honorer ton rythme, apaiser la honte et transformer les affirmations en véritables gestes de guérison. Doucement. Ensemble.
Pourquoi certaines affirmations font mal (même quand elles sont “positives”)
- Quand le “Je suis merveilleuse” contredit ce que ton corps ressent, il y a choc intérieur. Résultat: ton système se raidit, la dissonance grandit, et tu te sens pire qu’avant.
- Des travaux en psychologie ont montré que, chez les personnes à faible estime d’elles-mêmes, des affirmations trop éloignées de leur vécu peuvent… aggraver l’humeur. L’écart entre l’énoncé et la sensation interne devient douloureux.
- La “positivité toxique” nie les émotions difficiles. Or la honte et la tristesse ont besoin d’être reconnues, pas effacées à coup de slogans.
- Nos croyances “explicites” (ce qu’on dit) ne modifient pas d’un claquement de doigts nos croyances “implicites” (ce que notre corps a appris très tôt). Les mots seuls ne traversent pas toujours la peau; l’expérience, la relation et la sécurité, si.
📌 À retenir
- Une affirmation qui nie ce que tu ressens peut activer la honte et la contraction.
- Le corps garde la trace: on déverrouille par la sécurité, le rythme, la compassion (pas par la force).
- Les relations sûres sont réparatrices: la honte se délite quand on peut raconter son histoire sans être quitté·e.
Le virage qui change tout: des affirmations de compassion, incarnées et crédibles
Je te propose une méthode simple, tendre et puissante pour transformer les affirmations en baume. Pense-la comme une couture fine qui rapproche doucement deux bords: ce que tu sens là, maintenant, et la direction où tu souhaites aller.
La méthode RELIER
- R – Reconnaître l’émotion présente sans la juger
- E – Exhaler et réguler (un souffle long, une main sur le cœur)
- L – Langage-pont: formuler un pas plausible, pas un saut
- I – Incarnation: ressentir la phrase dans le corps (lenteur, respiration)
- E – Engagement minuscule: une micro-action qui confirme la phrase
- R – Relation: s’appuyer sur un regard bienveillant (ami·e, thérapeute, groupe)
💡 Astuce
Si une phrase à la 1re personne est trop piquante, essaie:
- “Pour l’instant, une partie de moi croit que… et une autre apprend que…”
- “Ambre (ton prénom), tu apprends à faire de la place pour toi.”
- “Par moments, je peux…” (au lieu de “Je suis toujours…”)
Des “affirmations-pont” qui ne forcent pas, qui soignent
Le secret: rester proche du vrai ressenti tout en ouvrant une fenêtre vers le possible.
- Estime de soi basse
- “Une partie de moi doute, et une autre découvre qu’elle mérite de la douceur.”
- “Aujourd’hui, je peux me parler avec 10% de plus de gentillesse.”
- Honte tenace
- “Je n’ai pas à porter ça seule. J’ai le droit de chercher un regard qui reste.”
- “Mon histoire est digne d’être entendue en sécurité.”
- Anxiété
- “Je n’ai pas à tout régler maintenant. Une respiration, un pas.”
- “Je peux être inquiète et avancer de 2 minutes.”
- Image du corps
- “Mon corps mérite du respect à chaque étape, même ici, maintenant.”
- “Je peux nourrir ce corps comme on soigne un jardin.”
- Deuil / rupture
- “Cette douleur est preuve d’amour. Je me donne la permission d’y aller lentement.”
- “Je peux tenir aujourd’hui avec de l’aide et des pauses.”
😊 Mini-check de sécurité (30 secondes)
- Est-ce vrai à 5–10% pour moi maintenant?
- Est-ce que mon souffle s’allonge quand je la dis?
- Est-ce que je pourrais illustrer cette phrase par une micro-action dans l’heure?
- Est-ce que je me sens moins seule en la prononçant?
- Si non à 2+ questions: adoucis ou raccourcis la phrase.
Le corps, premier allié: 5 micro-pratiques somatiques à associer
- Main-cœur-ventre: inspire 4, expire 6, 4 fois. Puis dis la phrase.
- Saut du vagabond: soupir audible + relâcher les épaules. Ensuite, seulement, l’affirmation.
- Tapping doux du sternum 30 secondes pour “réveiller” la sécurité.
- Orientation: regarde 3 objets autour, nomme leurs couleurs. Puis “Ici, maintenant, je suis en sécurité.”
- Hug papillon: mains sur les clavicules, tapotements alternés. Murmure “Je me soutiens”.
📢 Extrait à répéter tout doux
“Ce que je ressens a le droit d’exister. Je n’ai pas besoin de me brusquer. Un souffle, un pas, c’est déjà du progrès.”
Matin et soir: un rituel 3–3 minutes
- Matin (3 min)
- 3 soupirs lents
- “Aujourd’hui, je me traite 10% plus doucement.”
- Micro-action: un verre d’eau en conscience, message à une amie, 5 minutes dehors
- Soir (3 min)
- Main sur le cœur
- “J’ai fait de mon mieux avec mes ressources du jour.”
- Gratitude réaliste: 3 détails concrets (une tasse chaude, un sourire, une chanson)
7 jours pour réconcilier tes affirmations avec toi
- Jour 1 – Désamorcer: remplace “toujours/jamais” par “par moments/aujourd’hui”
- Jour 2 – Corps d’abord: phrase seulement après 1 minute de respiration
- Jour 3 – Pont: transforme un slogan en “je peux + micro-preuve”
- Jour 4 – Relation: partage une phrase avec une personne sûre
- Jour 5 – Valeurs: choisis une action alignée (gentillesse, créativité, nature…)
- Jour 6 – Troisième personne: parle de toi comme d’une amie (“Elle apprend à…”)
- Jour 7 – Revue: garde 3 phrases qui te régulent vraiment, jette le reste
Quand adapter… ou demander de l’aide
- Si tu traverses un épisode dépressif sévère, un trauma récent ou une anxiété qui déborde, privilégie des formulations d’observation (“Je remarque…”, “En ce moment…”) et cherche un accompagnement professionnel. Certaines approches (comme l’EMDR et ses variantes centrées sur l’intégration d’affects positifs) aident à retisser la sécurité intérieure.
- Si une phrase crispe ton corps, c’est un signal. Reviens au souffle, puis raccourcis-la: “Un peu plus de douceur, maintenant.”
📌 Bon à savoir
- Les affirmations “fonctionnent” mieux quand elles sont crédibles, reliées à tes valeurs, soutenues par de minuscules comportements et répétées dans un état de relative sécurité.
- Construire la compétence et s’entourer de personnes qui te voient avec bonté renforce naturellement l’estime de soi. La phrase devient alors l’écho d’une réalité en train de naître.
Petite parenthèse science (simple et utile)
- Des études ont observé que des affirmations trop éloignées de l’auto-perception peuvent être contre-productives chez les personnes avec une faible estime de soi.
- La “théorie de l’auto-affirmation” montre que se rappeler ses valeurs et sa dignité soutient la régulation émotionnelle et la résilience, surtout quand c’est relié à des actions concrètes.
- L’expérience relationnelle et corporelle compte: ce qu’on répète en sécurité et qu’on illustre par de petits gestes aide le cerveau à créer de nouvelles voies plus apaisées (hello, neuroplasticité!).
Ton kit d’affirmations de compassion (à personnaliser)
- “Je me parle comme à une amie chère.”
- “J’avance à mon rythme, et c’est suffisant pour aujourd’hui.”
- “Je peux être imparfaite et digne d’amour à la fois.”
- “Mon corps mérite du respect, même les jours difficiles.”
- “Je demande de l’aide; c’est un acte de courage, pas une faiblesse.”
- “Un souffle à la fois, je reviens à moi.”
Au fond, les affirmations ne sont pas des injonctions à être heureuse: ce sont des mains tendues vers toi. Si elles te serrent trop fort, apprends-leur la douceur. Et tu verras, pas à pas, elles deviendront des alliées qui réparent.